Octobre/Novembre

Samedi 10 octobre
Demain festivités familiales à Rambouillet, chez Jim et Aurélia, pour fêter ce passage décennal.
Tintamarre autour des frasques du Mitterrand de la culture. Sa Mauvaise vie, publiée il y a quatre ans, lui revient en pleine figure via la charcutière blondasse de la politique, celle qu’il faut consommer en se bouchant les portugaises. Un joli coup de com. de sa part, repris par les quadras du PS en mal de lynchage de l’encombrant et suiffeux neveu.
Désormais, pour être ministre, il faut présenter un passé éthéré, sans écart ou savoir bien dissimuler ses crades déviances. Le puritanisme américain nous gagnerait-il ? Et c’est sur la toile que l’on trouve les plus virulentes attaques contre le Frédo chez, ou plus précisément DANS, les éphèbes, alors que la plupart de ces implacables censeurs anonymes doivent cumuler des antichambres sordides, des arrières cours peu reluisantes… La crasse du gouvernant pour absoudre celle des vindicatifs petites gens. Le populisme pudibond est en marche…

Dimanche 11 octobre
Raph ne pourra être présent à la fête de mes quarante printemps : importante compétition de basket dans lequel il excelle. En français, il n’est pas en reste : j'ai lu la rédaction qu’il a préparée pour lundi, un récit conditionné par quelques règles classiques (point de vue interne, temps du passé, ellipse temporelle…). En quatrième avec un an d’avance, sa calligraphie et la teneur de son histoire révèlent une maturité presque déconcertante : une narration vive, le respect des règles n’empêchant pas l’originalité, le choix judicieux d’un vocabulaire polard dans la bouche des personnages. Le tout séduit. Une tête bien faite dans un corps sain, voilà un modèle que le petit Raph incarne sans peine.

Mercredi 14 octobre
Dernier travers en date : le jeune élu au Conseil général des Hauts-de-Seine brigue la présidence de l’EPAD, organisme sous les feux médiatiques. La mainmise de Sarkozy prend un tour filial, comme un remugle d’une décadence d’Empire.
Prêts à décupler l’importance à accorder à cet épiphénomène, lorsqu’on liste les épais problèmes que l’on affronte, les hargneux du Net emboîtent le rythme d’une affaire buzzée l’autre sans rechigner.

Samedi 24 octobre, 0h36
Gâté, trop gâté pour ces quarante ans. L’affection témoignée m’a profondément touché, tant côté famille de sang que vers la famille de ma BB.
Pour le reste, les semaines défilent et l’inspiration s’assèche. Toujours pas mis en ligne le Net (de) Travers.

Un Net (de) Travers

Une vague d’affaires s’étant peu ou prou échouée, et avant la prochaine tout aussi buzzée sur la toile numérique, on peut un moment jauger le fond pas très net d’internautes aux anonymes vociférations.
Oui, le peuple du Net se déchaîne. Tout sujet qui peut éponger un chouia sa hargne dégueulatoire est bienvenu, quitte à révéler les paradoxes de sa logorrhée.
Les premiers à hurler l’extrême menace sur notre liberté d’expression par un régime policier tendance SSifiante, en usent et en abusent sans commune mesure depuis mai 2007. Alors que chaque internaute, prolixe au commentaire implacable, se régale des contradictions de ceux qui tentent de gouverner, de gérer vaille que vaille malgré les puissances qui les dépassent – le panurgisme financier, l’irrépressible et dévastatrice cupidité – la plupart se dissimule bien lâchement derrière un protecteur pseudo et ne pourrait supporter qu’on les confronte à leur versatilité en alignant la totalité de leurs interventions.
Certains de ceux qui se scandalisent des frasques peu culturelles du moelleux Mitterrand, le Frédo pas feu Fanfan, et du passé sexuel de Polanski, cachent de peu avouables parcours sur la toile que seul le flicage de leur IP pourrait révéler.
Ça renifle la pudibonderie forcenée, celle qui fustige puis condamne sans vraiment connaître la démarche testimoniale d’un homme. Plus question de prétendre à un quelconque poste issu, directement ou pas, de la souveraineté nationale si le parcours affiche la moindre tache pour les mœurs acceptables. Y a-t-il eu pédophilie actée ? Rien ne le laissait ouvertement présager et l’acte de communication du ministre l’a solennellement niée… Il aurait simplement ajouté « roman » sur la couverture de sa Mauvaise vie et le tour était joué : plus d’attaques autres que littéraires, n’est-ce pas Houellebecq ? Le genre romanesque, embrassé parfois par des faux jetons, a encore un radieux avenir.
La Bassine Le Pen, elle, s’est réveillée sur le tard pour tenter le retour d’un parti en faillite. Cet acharnement nous ferait-il entrer dans une Inquisition populiste où la surenchère deviendrait l’unique boussole politique, où l’épidermique réaction à une ignominie factuelle (par exemple le meurtre de la malheureuse Marie-Christine Hodeau) conditionnerait les pontes frénétiques d’un législateur opportuniste et brouillon ?
Le tintamarre aura eu un mérite : révéler le ras-de-terre des quadras du PS, toujours en première ligne pour étriller les travers de leurs aînés. Ça, il la change la pratique politique les Hamont, Montebourg et Valls : plus une bouillabaisse pachydermique, mais une infecte pituite…
Incessant envahissement de la toile par les conspirationnistes : leur plus vile gesticulation assène que les attentats du Onze Septembre 2001 ne proviennent pas des basses œuvres d’Al Qaida : comme une ultime défécation sur les poussières des victimes. Régulièrement sur les écrans, et pas seulement des ordinateurs, les ouailles de l’immonde Meyssan entretiennent le culte des diaboliques USA à l’origine du plus impressionnant attentat auto-terroriste de l’histoire humaine.
S’interroger sur les coupables négligences et salauderies d’une administration Bush, quoi de plus légitime (citons le documentaire de V. Kanban, 11 septembre 2001 : le dossier d’accusation, 2006). La part suspecte et malodorante de ce révisionnisme tient dans le transfert de responsabilité que certains défendent au point de nier la réalité même des cadavres ou l’évidence architecturale d’un effondrement. Ont-ils seulement regardé la magistrale explication dans Les Twin Towers, autopsie d’un effondrement (2002) de Ben Bowie ? Sûrement pas, car ce qui leur importe n’est nullement le doute, mais le prosélytisme nauséeux.
Et le pompon ? Pour le rejeton Sarkozy qui vient de céder à la meute insatiable du Net. Naïveté crétine ou extrême mauvaise foi chez les cent mille signataires de la pétition en ligne contre l’accession du médiatique Neuilléen à la présidence de l’EPAD ? Peu nombreux sont les parents, habités par une affection minimale pour leur progéniture, qui ne fassent jouer leurs éventuelles relations pour faciliter un début de carrière professionnelle à leur enfant.
On voudrait que celui qui a été choisi par des électeurs aussi enclins aux passe-droits incarne la vertu désintéressée ? Si ce n’est se foutre du monde et brailler pour brailler…
Rappelons, pour la mise en perspective historique, que tous les présidents de la République ont porté assistance à un entourage affectif en devenir, y compris l’intègre de Gaulle qui veillait à éteindre les lumières élyséennes dans les espaces quittés.
Un Syndrome du Titanic pour l’humanité en pleine course fatale selon le captateur Nicolas Hulot à la saine révolte. Le net travers d’une masse indistincte d’internautes consiste lui à dévoyer un formidable outil d’échanges en un vecteur du minable mais si rassurant suivisme. Des protestations au comble du conformisme. Rideau !

Mercredi 28 octobre, 23h50
Toujours autant de crétins à œillères sur AgoraVox. Mon dernier article pris par ce site, Un Net (de) Travers, a osé s’attaquer au sacrosaint Peuple du Net : les hystéros se regimbent par de basses tentatives de critique ad hominem. Rien de vraiment argumenté, un écrit mal compris et des antiennes sans grand intérêt.
Le sens du vent judiciaire tourne pour la vieille bête Pasqua.

Jeudi 5 novembre, 23h34
Pour compléter le compte rendu des haineuses réactions à mon Net (de) Travers, je dois faire référence à deux imaginatives trouvailles.
D’une part le détournement du terme diariste pour m’assimiler à un « diarrhéiste ». Joli ! L’auteur de ce délicat paronyme devrait savoir que je m’efforce à exceller dans ce peu ragoûtant registre pour mieux… le conchier ! L’anonyme planqué serait inspiré de réviser certains contes classiques.
Plus surprenante attaque : je ne serais pas moi-même, LD, mais le pseudonyme (!) utilisé par le suppôt de Sarkozy, le détesté Frédéric Lefebvre. Vaseux amalgame, non pour un panégyrique du Président que j’aurais commis, mais pour mon attaque en règle contre les planqués de Net qui se revendiquent représentatifs de la colère populaire.
Combien tout cela me comble : ne surtout pas être de leur côté garantit mon intégrité mentale et me dispense d’un récurage de près.

Vendredi 6 novembre, 23h54
Rider sa vie aux embruns

Le banquet de fin, en 2009, n’a pas les atours du joyeux festin dans le petit bout insurgé de la Gaule Uderzo-goscinnyenne. On grignote ce qu’on peut avec les hôtes qu’on mérite.
Les vieilles trognes encombrent encore les plateaux tant de la télé que de la justice. Comme le parangon d’une vertu vénérable, Chirac cumule les promotions : une mémoire défaillante sur les tripatouillages abracadabrantesques à la Mairie de Paris ; des mémoires fertiles en non-révélations écrites, pour de larges passages, par un nègre non fictif… Son incompatibilité politique, voire même génétique, avec le hautain Giscard d’Estaing tient de l’érection des rancunes passées en culte de la détestation. Admettons qu’un gouffre s’impose entre le groin chiraquien fouinant la petite culotte de la provocante Madonna et les manières giscardiennes pour un flirt imaginaire à la mode de Ségur avec Diana l’icône éthérée. La tête de veau n’a jamais tenu dans une dînette pour jeune fille en fleur !
Côté trogne, le Pasqua en affiche une grognonne depuis que la Justice a osé le condamner a du ferme, du barreau en série pour piaule malfamée. L’ex flingueur de la place Beauvau menace, fustige, piétine. N’ayant pas fait l’objet d’un mandat de dépôt à l’énoncé de la sentence, il a pu déployer son artillerie dans les médias, se fendant d’un « vous m’avez bien regardé ! » pour évacuer l’accusation principale. Justement oui ! Un simple regard aurait pu suffire si le délit de gueule louche existait en France. Jusqu’à la condamnation, sa posture tenait du circuler-il-n’y-a-rien-à-voir ! Depuis la décision judiciaire, volte-face : tous les autres, hauts placés, savaient aussi ! L’incohérence systématisée… c’est l’amorce d’une dégénérescence du système nerveux, non ?
Alors ne restons pas en si contaminante compagnie. A croulants réprouvés, chenus dorlotés, pour l’équilibre de l’élan littéraire. Deux figures de l’audiovisuel : l’un qu’un corps trahit et fait fragile vieillard trop tôt, l’autre aux quatre-vingts printemps épanouis, joviaux et sans souffle court.
Polac Michel répond à quelques questions pour un documentaire sur les émissions littéraires à la télévision, Des écrivains sur un plateau. Le visage ravagé par une attaque semi-paralysante, il n’a plus qu’une ombre de physique, lui qui redoutait tant de ne plus maîtriser son esprit, le temps implacable fauchant ses lumineuses facultés. Fermer les yeux et se laisser porter par un timbre de voix encore fidèle aux flamboyances de jadis, de Bibliothèque de poche à Droit de réponse. Pages télévisuelles à goûter sans retenue pour perpétuer le colosse du cœur et de l’intelligence.
Point de naufrage physique chez Pierre Bellemare. Le cumul des décennies ennoblit l’être sans atteindre sa capacité d’autodérision. L’inclassable narrateur, animateur, vendeur sur cathodique s’essaye aux planches de saltimbanque. Aveu d’une passion pour l’art dramatique, il relève ce défi avec l’humilité combattante. Toujours en tension pour un projet à rendre réussite, il fait d’un troisième âge le premier du moment présent. L’évident engagement pour étirer sans peine le temps, faire du sursis prégnant d’une prolongation d’existence un bien-être de chaque instant.
Qu’il fait bon finir sur un enthousiasme, par Toutatis !

Samedi 21 novembre


Le but perdu

Alors que la toile fébrile et la vieille caisse médiatique ont excité leurs caractères sur l’éculé sujet du « jeu de mains, jeu de vilain » et, en l’espèce, un jeu de m…erde, jeu vilain ! je me centre sur la première application du traité de Lisbonne. Eh oui ! beaucoup moins attractif, mais largement plus fondamental pour notre destinée collective.
J’ai été un fervent, un passionné défenseur du traité constitutionnel mort-né, au point de me brouiller avec quelque affection passée, mais j’ai toujours dénoncé l’incohérence du processus imaginé par des dirigeants trop sûrs du fait européen : faire entrer douze pays AVANT d’avoir modifié les institutions pour les adapter à l’UE élargie. Cette inconséquente charrue avant les bœufs a gâché quelques années d’efficacité suite au choix souverain d’un référendum mué en échec plébiscitaire. Premier acte d’une gabegie orchestrée pour le néant : les élections européennes de juin dernier ont confirmé l’impossible adhésion des peuples pour les partis qui avaient défendu le rejet du traité. Cqfd, il suffisait d’attendre… L’image d’un José Bové phagocyté par le truculent Cohn-Bendit parachève la démonstration d’une position opportuniste en lieu et place d’un réel projet applicable des ex Nonistes.
Pas mieux de l’autre côté ? Tout près de le penser : ça végète en conciliabules opaques, en négociations inavouables qui salopent l’esprit initial d’une entraînante incarnation bicéphale avec un nouvel idéal européen en perspective. Parce que ce sont les chefs d’Etat et de gouvernement qui votent pour le président du Conseil européen et le haut représentant pour les affaires étrangères, ce suffrage peut se charger de tous les faux-semblants, des invraisemblables pressions sur l’autre, des bas échanges de prétendus bons procédés…
Oui, l’article 9B du traité de Lisbonne (resucée du I 22 de la feue constitution) n’emploie que le verbe « élire » sans l’associer au triptyque démocratique, « universel, égal et secret », mais cela autorise-t-il les gouvernants à dévoyer l’esprit de l’élection avec du marchandage de vote et du compromis bien épais ? La « majorité qualifiée » à laquelle se réfère le traité semble viser davantage une capacité à conchier les principes premiers de toute élection qu’une norme de calcul.
Sans se prononcer sur le profil de Herman Van Rompuy et de la baronne Ashton of Upholland, on peut simplement se désoler de la négation absolue du fondement démocratique dans le processus électoral qui les ont portés à leur fonction respective.
Comme l’a proposé Thierry Chopin de la fondation Robert Schuman (voilà une personnalité qui manque !), l’électrochoc salutaire serait de faire élire ce président et ce haut représentant par les élus des Parlements des Etats membres avec le respect du secret d’un vote non négociable. Voilà qui redonnerait de la gueule à une Union qui ne semble plus avoir de but autre que la gestion mesquine d’intérêts particuliers. Les chefs d’Etat et de gouvernement apparaissent finalement les plus mal placés pour décider en conscience, et sans se laisser influencer par autre chose que leurs convictions ancrées, de qui doit présider l’UE et mener la diplomatie.
Le mièvre, c’est ce qui sclérose les instances de l’Europe, à l’image d’un Barroso qui vient d’en reprendre gourmandement pour cinq ans. Pas de nouveau souffle pour la Commission. Aucune personnalité de taille à résister à l’inertie des Etats membres.
En attendant, je ne sais quoi, la crise mondiale fait sa camarde de chemin avec, en ligne de mire, une série d’Etats en cessation de paiement suivie d’une définitive implosion du système financier.
Alors que les salopiots surpayés continuent de pousser la baballe avec leurs pieds, leurs mains, leurs oreilles, ça distrait une part des populations des manigances et des drames qui couvent…
Pas de but enthousiasmant, rien à foot : un nihilisme efficace pour demain… ou même une seule ! Absurde.

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