Août/Septembre

Vendredi 14 août
Touffeur au parc qui incite à profiter de l’ombre des épais feuillages en bord de lac. Soixante-seize morceaux du mélodieux Coldplay pour intensifier mon voyage intérieur. Murder, l’aléatoire choix se porte sur du sombre… de quoi pérenniser un semblant de fraîcheur.
Alors que chacun déconnecte d’avec les affres du temps, l’Insee nous offre la version poétique de sa mission, tout dans le chiffre libre, incontrôlé, imprévisible. Là où le PIB devait plonger aux alentours de – 0,6%, l’Institut national des spéculations évasives puis encombrantes toussote un peu, expectorant quelques grains de sable paillottés, pour annoncer une progression de 0,3%. Près d’un point de différence…
A ce degré de précision, la mission Apollo XIII aurait maladroitement frôlé Pluton et le « bond de géant pour l’humanité » se serait rabougrit en infantiles trépignements.
Quelle apparente bonne nouvelle pour Coué Lagarde, notre ministre du budget déficitaire, qui peut ainsi se rengorger d’une prétendue influence de la politique publique menée pour contrer le désastre annoncé. Ne pas trop claironner, surtout en période de farniente généralisé, ne vraiment pas fanfaronner, mais tout de même… Bien faire sentir à l’opposition liquéfiée qu’elle devra revoir son argumentaire pour mobiliser contre les gestionnaires en charge.
Sauf que. Cet instantané ne pourrait être qu’une très brève étape technique, une pause avant le gouffre. La stridente musique des plans sociaux reprendra bientôt sa place, désespérant des pans entiers de la population, hantant les politiques pour toute initiative de colmatage. L’alternative sera entre maintien thérapeutique du statu quo social et délitement sans prise stable, sans baume qui vaille, en route vers la rupture sociétale. L’économie souterraine, parallèle, mobilisera davantage, creusant un peu plus les abysses financiers d’un Etat en sursis. Ronflante projection alors que la crise fera flop ?


Samedi 15 août
Parc de Miribel en solitaire, fin de matinée. Peu de monde, ce qui garantit quelque distance avec l’autre, essentiel pour la quiétude psychique.



Vu l’enregistrement du spectacle de Guillon, l’électron libre et caustique de France Inter qui voit son contrat reconduit en septembre par la nouvelle direction choisie par le tyran Sarkozy. Bien joué : stratégie et peut-être un chouia de conviction visant à ne pas totalement étouffer les critiques sur le service public, comme un implacable argument contre les alarmistes du Net, notamment, qui hurlent à la fin de la liberté d’expression alors qu’eux-mêmes, ce faisant, en abusent sans restriction.



Pour revenir à l’hirsute Guillon : une intelligence acérée, un sens efficace de la formule carbonisatrice à rapprocher de celles du regretté Pierre Desproges, lequel ne cachait pas sa filiation spirituelle avec… Léon Bloy dont je m’apprête à poursuivre L’Invendable.




Dimanche 16 août, 23h09
Surplus de degrés qui renvoie aux jours oppressants de la canicule. Un 37° à l’ombre aujourd’hui à Lyon.
Ne pas se fixer sur le temps présent, comme en suspens, mais attendre les branle-bas de combats d’une morose rentrée. Touffeur d’août avant le suffocant septembre. Côté pro, de nouveaux aspirants brancardiers s’annoncent dès le premier jour des tests. Espérons que ceux-ci servent vraiment à éliminer les profils incommodants des petites frappes abuseuses du système.


Vendredi 21 août
Tribune libre pour Micberth en liberté

Quelques mois avant l’été 76, dont je retrouve la touffeur oppressante ces derniers jours à Lyon, un certain Micberth accédait au petit écran, questionné par mon jeune homme de père. La Tribune libre d’Alessandri et Michelot accueillait ce trentenaire au décapant message politique : « le droit à la différence » et « l’apologie de la désobéissance »… Apparente générosité anarchiste qui bousculait les institutions établies pour lui substituer une évasive voie de l’exemplarité.
Pourquoi revenir sur ce moment de télévision ? Incroyable résurrecteur Internet : Dailymotion s’est vu proposer l’enregistrement de cette émission désormais consultable à chaque coin du territoire mondial. Ne nous emballons pas : quelque 250 visionnages de la prestation ont seulement eu lieu à ce jour.
La démarche de proposer à nouveau ce message trouve sans doute sa motivation dans la période incertaine d’une crise mondiale en cours. Après Che Coupat pour la gauche rebelle, voilà Karl Micberth pour la droite réfractaire. L’étiquette politico-géographique initiée par Mirabeau, comme le rappelle le président de la NDF, n’empêche pas les concordances de diagnostic et d’exécration. Lisez plutôt :
- « (…) la bourgeoisie… ce marais incertain où s’enlisent toutes les misères du monde. »
- « La démocratie indirecte est un attrape-cons et ne sert en définitive qu’à asseoir l’autorité et la fortune d’une poignée de méprisables canailles. »
- « Nos professions de foi balaient d’un coup tous les tenants des ordres nouveaux, les nationaux socialistes, les fascistes de guinguettes, tous ces jocrisses bigarrés inconsistants, récupérés à la première occasion par le monde de l’argent. »
- « En voilà assez d’obéir à de pâles humanoïdes, pantins orgueilleux, articulés par quelques rusés qui se tiennent dans l’ombre ! »
- « (…) la société bourgeoise ne pourra engendrer que des générations de désespérés ou d’esclaves décervelés. »
- « L’éden industriel ne peut nous apporter qu’un bonheur relatif, une sorte de pastiche du bonheur et masquer ainsi, irrémédiablement, notre véritable raison de vivre. »
- « Pourquoi refuser d’imaginer qu’une société composée d’individualités très marquées, puisse exister et vivre dans l’harmonie ? »
Modérons l’enthousiasme, tout de même. Comme j’ai tenté de l’esquisser pour Coupat aujourd’hui, le message du Micberth d’hier, tout généreux soit-il dans les intentions affichées, n’ouvrirait, en cas d’incarnation généralisée, qu’au chaos sacrificiel avec son lot de victimes des déchaînements barbares et de la satisfaction égocentrée des plaisirs de certains.
Quelles différence y aurait-il, alors, entre « la République bâtie sur les cadavres de centaines de milliers de Français », oubliant dans cette fustigation que les lignées au pouvoir dans l’Ancien Régime n’avaient rien du parangon de l’éthique éthérée, et la nouvelle aristocratie en charge du pays, habitée par de prétendues exemplarités existentielles aux critères insaisissables et malléables à l’envie ? S’ériger comme le meilleur dans son domaine n’a jamais impliqué l’altruisme minimal nécessaire pour mener une nation en préservant, vaille que vaille, la paix sociale.
Les désespérés de cette crise pourraient facilement s’agréger autour de l’iconoclaste appel : « désobéir » ! Vivifiante enseigne qui laisse entrevoir de prometteurs horizons… Sauf qu’il faut faire avec la nature humaine et, notamment, l’infecte partie qui pratique, sans aucune belle conscience utopiste, la rébellion opportuniste. Désobéir revient, en fait, à s’estimer davantage capable que le complexe contrat social. On sait pourtant fort bien le risible et lamentable échec qui couronnerait l’action de tous ceux qui gueulent contre le pouvoir démocratique s’ils s’emparaient des rênes du pays. Risible… sauf pour les victimes de leurs lubies idéologiques. Micberth comme Coupat ne sont d’ailleurs pas dupe : l’objectif n’est en aucun cas la conquête du pouvoir.
Alors, pour quoi faire ? La clef se trouve peut-être au détour d’une phrase prononcée il y a 33 ans : « Il [l’homme de droite] sait surtout, par l’intelligence et l’histoire, que le bonheur est pragmatique et ne veut pas laisser échapper le paradis qui lui est offert pour le temps de sa vie. » Voilà l’affaire : asseoir son autorité par l’esbroufe séduisante du combat politique pour justifier une vie non-conformiste, aux contraintes déléguées au maximum et aux plaisirs sucés jusqu’à la moelle de ses sujets, tel un magistral grooming.
De la politique ? Certes non. De la philosophie ? Peut-être, mais il faudrait alors aller chercher du côté d’un nouvel Aristippe insensible à la douleur physique et morale.


Dimanche 23 août
Rapidement accepté par AgoraVox, repris par deux sites (Paperblog et Coxvox) qui se nourrissent des écrits parus sur le Net, mon article sur Heïm a la diffusion que je souhaitais, au-delà de mon blog. Lorsqu’on tape Micberth dans Google, mon écrit sort en première position.
Peu de réactions (et peut-être tout simplement de lectures) à ce jour : l’une négative sur LDP, de la part d’un vaillant et courageux anonyme. Il ironise le « remarquable travail d’un excellent diarrhéiste », caractérisant ainsi son propre fond pas très net, voire carrément crade ; ceci expliquant cela.
Sur AgoraVox un enthousiaste commentaire qui rend hommage à la singularité du message de Heïm, y décelant des qualités de visionnaire ! Aucune allusion à la teneur critique de mon traitement.
Aiguebelette surchargée, les mélodies du MP3 pour atténuer la gêne des cris. Comme lors des années folles lorsque le ludique tentait de camoufler les dérives délétères du monde politique, 2009 et sa suite vont maintenir un semblant du bien-vivre occidental à la mode du farniente.


Samedi 29 août
Le vent de fraicheur sur les bords du Rhône signe comme une fin de saison estivale.
Prière de rentrer… sans croire

Le vent de fraîcheur sur les bords du Rhône signe la fin d’une saison estivale. Progressif retour à l’actualité. Aucune source de réjouissance : poursuite des petites batailles sanglantes pour le pouvoir au cœur des nations instables, affaiblissement des projets de démocratie pour l’Irak et l’Afghanistan, enlisement inexorable du volontarisme d’Obama malmené par des conservateurs revigorés, imperturbable reprise des obscénités financières, autarciques gesticulations de l’opposition politique en France, frénétiques propositions d’un Exécutif en cours d’exécution populaire, le tout en évitant d’invectiver les déprimants protagonistes avec des postillons chargés en H1N1.
Changement de décor : l’ombre apaisante au bord du lac Tête d’Or. Ensemble de coins familiers qui atténuent mes plongées récurrentes.
Nature impassible, combien ton contact épiphénoménise les fracas mis en scène puis entretenus. S’alléger un peu des empesées religions qui handicapent l’âme et obstruent l’esprit ; déposer les armes doctrinales aux sueurs excessives, donc suspectes ; purger les sens des perceptions hâtives pour recouvrer les frémissements initiaux, la part d’émerveillement qui grise.
Assumer, surtout, ses contradictions dans l’instant et dans le temps comme le gage d’un rapport sain au monde. Ainsi, mon regard sur l’incandescent Bloy, encensé sans modération sur la base de quelques lectures isolées et par une séduisante musique entretenue qui allait jusqu’à tourner en dérision le jugement sans appel de Léautaud.
« Faux bonhomme », Léon Bloy ? L’abondance diariste, même dans sa version épurée par l’auteur, impose un fond beaucoup moins attractif. Des fulgurances littéraires, oui, une singulière approche des gens et des choses, sans un doute. La traque des travers du contemporain inutile pour sa survie orchestrée : moins séduisant atour lorsqu’il se combine à une mendicité revendiquée qui rend l’imprécateur obséquieux pour son objectif à durée très déterminée. Passer outre ses surdoses religieuses pour louer le génial vociférateur ne doit pas occulter l’étiolement d’une parole rongée par un culte exacerbé, un petit air d’intégrisme…
Croire à un dieu, c’est un peu laisser mourir sa capacité à transcender sa nécessité mortelle, son existence unique sans prolongation divine, c’est entériner l’explication de facilité, se contenter du confort des jalons d’un autre chose pour notre sort scellé. Croire pour ne pas voir…
Les mythologies grecques et romaines nous font aujourd’hui sourire, mais nous voilà encore si sérieux, si définitifs lorsque se profile le monothéisme. L’unicité du dieu rendrait-elle notre esprit monolithique, incapable d’une souple remise en question que requiert la lucidité minimale ? Les leurres envahissent déjà tellement nos existences qu’il faudrait éviter de s’encombrer en plus du religieux… pour les siècles des siècles !


Samedi 5 septembre
Encore un message de Heïm qui me réclame un « dernier » rendez-vous téléphonique car, décidément, il « ne comprend pas » ma virulence à son encontre. Il doit se faire opérer des yeux dans dix jours pour pouvoir « écrire de nouveau ou être aveugle ».
A l’annonce de la parution d’un nouvel ouvrage fracassant d’Yves Bertrand, l’ancien directeur central des Renseignements généraux de 1992 à 2004, l’envie de plonger dans son précédent réquisitoire, Je ne sais rien… mais je dirai (presque) tout conçu avec le directeur de Valeurs actuelles, Eric Branca.
La pâte humaine au cœur de tout : faire fonctionner ses relations, qui remontent parfois à l’époque estudiantine, pour faire pression, informer, manipuler et finalement obtenir. Voilà ce que je n’ai jamais su faire, car j’y suis fondamentalement étranger. Cette propension à multiplier les contacts masculins me dégoûterait presque. N’ayant aucun goût pour le pouvoir, je me limite au strict nécessaire.
Vu Joyandet chez Hervouët sur LCI : minable langue de bois pourri sur son séjour en Lybie. Secrétaire d’Etat, il représentait la France auprès de l’infect Kadhafi. Les justifications se voulaient nobles alors qu’il aurait carrément dû tenir le langage du cynisme nécessaire en politique étrangère. Même chose avec le Gabon dont on feint de ne pas soutenir le prétendu vainqueur, le fils Bongo… L’odeur de merde incommodait de plus en plus au cours de sa courte prestation au Journal du monde.


Lundi 7 septembre
Le tintouin médiatique autour de la Grippe A exaspère déjà. Chaque cas va être cité, répertorié, scruté jusqu’au dégoût de s’informer lorsque d’éventuels vrais risques majeurs se dresseront. En attendant, façon de dire : vaut mieux être encore en bonne santé même si la crise économique vous laisse sur le carreau que de risquer le décès subi, foudroyant comme pour des millions de nos aïeux à l’époque maudite de la grippe Influenza.
Le reste des titres de l’actualité semble accessoire pour nos porteurs de nouvelles. Façon de conditionner les peuples, même sans intention consciente.


Samedi 12 septembre
Jim se fait opérer du dos mardi prochain et ne pourra pas s’asseoir ou se courber pendant au moins quatre semaines. Espérons que cela lui change une vie qui n’est plus que douleur et handicap ces derniers mois.


Dimanche 13 septembre
Actualité : certains s’effarouchent, au PS, du mauvais coup porté par Hold uPS, arnaques et trahisons. Pourquoi ne portent-ils pas plainte contre les journalistes auteurs de ce brûlot à charge ? Si l’initiative leur semble ignominieuse, qu’ils exigent des preuves : Karim Rissouli et Antonin André affirment d’ailleurs les détenir. Alors pourquoi traîner plus longtemps : perçons la baudruche journalistique ou décapitons l’illégitime nouvelle tête !
Hortefeux se fait piéger par « trop de décontraction » : une blague de comptoir à coloration raciste et tous ses efforts pour aplanir son image d’ex ministre de l’immigration et de l’identité nationale sont cramés. A relire la chronologie des échanges on ne peut douter qu’il visait bien les origines maghrébines du jeune militant. Tempête qui sort du verre d’eau. Le comble est que le rappel à l’ordre sur une parole trop libre vienne du champion toutes catégories en écarts langagiers !
La précipitation des présidents français et brésilien pour annoncer le contrat de vente des Rafales risque encore de tourner en eau de boudin lorsqu’il faudra administrativement conclure. Toujours ces effets de manche où le politique se décrédibilise. Pourquoi ne pas attendre fin octobre et les conclusions de l’armée de l’air brésilienne ? Des intérêts supérieurs où le principe d’action se limite souvent à l’effet d’annonce, médiatiquement porteur, que cela corresponde ou pas, par la suite, à une réalité. Cela sert l’intérêt immédiat, peut-être, mais jamais les fondamentaux…


Lundi 14 septembre, 22h43
Décidément, la teneur du débat politique ne s’enrichit pas en France, et l’ailleurs ne fait pas plus envie.


Jeudi 17 septembre, 22h19
Vu deux numéros du Ce soir (ou jamais !) du pertinent Taddéi. Un générique qui rappelle, par la coloration de ses images comme sorties d’un naturel improvisé, le vivace début du Droit de réponse de Polac. Moins d’éclat, plus de profondeur, mais une liberté de ton qui permet à chaque invité de s’exprimer dans la durée sans être constamment interrompu.
Taddéi, l’inverse d’un Demorand qui coupe, écourte, assèche l’argumentation de celui qu’il interroge. Un peu de grâce télévisuelle donc… si rare.
Les femmes en politique ? Ni pire ni mieux que les hommes : le PS le démontre tous les jours avec les tribulations des deux dames qui se haïssent sans retenue.
Plus masculin, mais non moins en détestation réciproque, de Villepin-Sarkozy vont avancer leurs burnes sur le terrain judiciaire. L’ancien Premier ministre va-t-il se dégonfler face à l’écrasante évidence des faits ou ceux-ci vont-ils révéler une stratégie sous-jacente de celui qui se proclame victime ? Le cloaque n’a pas d’étiquette politique, il EST la politique.


Mardi 22 septembre
Garder ces repaires ?

Ça change et ça tourne ? Tu peux te brosser petit prince… Le Monde-Fange et la Planète-Bourbe s’imposent toujours entre deux rosées illusoires.
Sinistre personnage, rat politique incarné, le repoussant Ahmadinejad nous fait le coup débilitant du « c’est celui qui l’a dit qui l’est ». Quelle perçante intelligence : il reprend le contenu de la déclaration de Sarkozy pour la retourner contre lui. On a dû l’informer de l’impopularité grandissante de notre chef d’Etat à la différence que, dans notre régime, les « crocs de boucher » restent une métaphore pour ses opposants, alors que l’infect dirigeant iranien en reste au sens propre… si l’on peut dire.
Quant au Kadhafi il vient se répandre, avec un A, et non se rependre comme pourrait le laisser croire sa tronche difforme, dans un des parcs du richissime Trump. Il confirme son sens aigu de l’humour lorsqu’il fait la morale aux nations du Conseil de Sécurité sur le non respect de la Charte de l’ONU alors que sa carrière politique a fleuri sur les torchages sans retenue avec les principes premiers de la civilisation humaine.
Et les banquiers ? Vont bien, vraiment bien : ils prêtent avec de juteux taux d’intérêt un argent qui ne leur a quasiment rien coûté grâce à des emprunts très bon marché effectués auprès des… Etats salvateurs. Vive la crise !
La crispante Royal n’a vraiment plus le vent en poupe, même si sa méthode Coué fonctionne toujours à merveille. Le rapprochement d’avec Bayrou semble de plus en plus naturel tant leur stratégie de conquête du pouvoir s’identifie par le culte d’une marche solitaire avec leurs soutiens militants en bandoulière, et par l’exaspération des plus proches compagnons d’armes qui finissent par se détourner de ces fantasques politiques égocentrés.
Qu’on les rapproche pour qu’ils s’entredévorent. Après La princesse et le président du déclinant VGE qui s’autorise une dernière gâterie littéraire, nous aurions droit à La Royal et le président… du Modem, plus une romance à l’eau de rose, mais une pitance à l’eau de boudin…
N’oublions pas l’ineffable de Villepin qui s’érige comme le martyre de la République sarkozyenne : ses effets de manche et de mèches risquent fort de se dégonfler dans l’enceinte austère et technicienne du tribunal correctionnel. Procès politique dénonce-t-il… comme s’il ne pouvait assumer le simple volet judiciaire… Son J’accuse l’acharnement de Sarkozy ressemble davantage à un J’esquive les basses questions qui portent sur le fond de l’affaire. Le grand de Villepin ne peut se courber pour atteindre ce méprisable degré des débats. A hauteur d’homme… surtout lorsque les volutes proviennent d’un enfumage grandiloquent, ce qui ne disculpe pas un Sarkozy qui a très bien pu laisser pourrir une affaire dont il était informé beaucoup plus tôt pour mieux voir chuter son rival politique.
Le teigneux petit homme s’est efforcé de tenir son calme lors de son dernier entretien télévisé. Mais, à l’évocation du procès Clearstream, l’avocat de formation et de sa propre cause n’a pu s’empêcher de désigner les accusés comme des « coupables ». Le dérapage d’un bouillonnement intérieur, comme un saut à la gorge des malfaisants. Son devoir d’être le garant de l’indépendance judiciaire se plie donc à ses impératifs personnels.
Où qu’on se tourne, l’horizon s’anime d’écoeurants repaires.


Samedi 26 septembre
Red Lions, 22h57. Je débarque dans l’antre encore quasi vide et aperçois de suite celui avec qui Bonny chantait lorsque je l’ai connue. Il me croit présent pour elle qui devrait passer. Voilà au moins deux ans que je ne l’ai plus vue. J’en profite pour glaner quelques nouvelles de son compagnon Eddy, et le chanteur m’indique, laconique, qu’il n’en a aucune et que, de toute façon, ils ne sont plus ensemble ! A ma dernière escapade au Red, la serveuse m’annonçait que l’Eddy avait été méchamment atteint par un cancer. La serveuse me confirme qu’il s’en est sorti, mais que la séparation remonte à six mois.
L’ancrage dans cette ville, dix ans cette année, me fournit les panoramas, les mises à distance, les évolutions, effondrements et résurrections d’accointances peu cultivées. Bien le seul endroit de Lyon où je suis reconnu et qui m’offre ce vague suivi de gens croisés.
Début de prestation dans ce Red qui peine à se remplir. Des arrivées perlées qui ne m’évoquent rien de familier : tout a coulé depuis ces habitudes nocturnes où la plume vagabondait pour une actualité toujours source de grogne.
Témoignage édifiant de l’ex trader Kerviel chez Guillaume Durand : ses arguments et son apparente sincérité tracent la salauderie d’une hiérarchie qui l’a sacrifié dès que l’emballement de ses positions a pris le mauvais sens. Vertigineux et insensé "casino" avec l’argent des déposants. Le terme qualifiant l’activité des banques sur les marchés n’est pas d’un loufoque pamphlétaire comme moi, mais de Peyrelevade, ancien président du Crédit lyonnais. Tout ce que je dénonçais dans le Coup de pouce… dans l’cul suivi du Doigt bancaire profondément placé est confirmé par un des principaux acteurs qui a poussé au bout l’attente vorace de ses supérieurs avant de se faire lyncher dès que les vents du flouze facile se sont déréglés. Pour les cinq milliards de pertes mis sur sa tête, résultant de cinquante milliards de position, il laisse entendre que la Société générale aurait stigmatisé sa descente pour mieux dissimuler de plus interlopes pertes.
Un suivi chirurgical des économistes à la Cohen nous laisse peu de réjouissances.
Minuit passé : trou noir économique ou absence d’une voix attractive ? Le Red est toujours en sous-effectif.
Comme au temps des grandes guerres, de l’Apocalypse, une gente féminine surreprésentée : pas pour me déplaire.
Toujours pas de trace de la chanteuse Bonny.
Diversion pour mieux ingurgiter les sombres prévisions des esprits à l’affût d’un improbable rebond.
Juste pour se carrer une frousse : l’action conjuguée des Etats qui a pu préserver in extremis le système ba ncaire, ouvre des périodes d’explosion budgétaire. Un boomerang dévastateur. Si la rechute se profile, nombre d’Etats ne pourront réalimenter les circuits : là l’implosion aiguisera les incertitudes.

Mercredi 30 septembre, 22h59
Bien pris par mes FFP, notamment avec les aspirants Lieutenant. Densité des connaissances à leur fournir dans une vivance attractive.
La quarantaine se rapproche méchamment.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire